L’internationalisation des PME françaises, clé de leur croissance
Les PME françaises peuvent grandir et rattraper leur retard
Un vrai gisement de croissance
Malgré un contexte de faible croissance économique, de belles PME et ETI françaises se développent et créent des emplois. Mais c’est le fait d’une petite minorité car beaucoup de PME et d’entreprises de taille intermédiaire limitent elles-mêmes leur croissance, faute de stratégie pertinente, de ressources, et à cause d’une gestion patrimoniale ou familiale privilégiant l’indépendance.
Un écosystème français défavorable
S’ajoutant aux limitations des entreprises, les pouvoirs publics ont imposé aux PME des «semelles de plombs», les empêchant de courir : lourde fiscalité, y compris sur le capital et le patrimoine, charges sociales et réglementations excessives, dans un contexte de réduction régulière des marges. Résultat : nos PME ne grandissent pas suffisamment pour devenir des ETI performantes (on compte seulement 3000 ETI indépendantes et 4500 au total contre 3 fois plus dans les pays voisins).
Des leviers de croissance existent
Compétitivité et innovation, internationalisation, croissance externe. L’internationalisation, notamment avec acquisitions, est la clé principale de croissance car elle permet une accélération, mais à condition d’avoir une stratégie solide de compétitivité/innovation, couplée à un financement et à une gouvernance adaptés.
Toutes les PME n'ont pas une vocation internationale
Les PME, avec une grande majorité de micro-entreprises, ont une vocation souvent locale : 12% des PME exportent, avec un taux d’exportation de 19%, et seules 1% des PME, hors TPE, détiennent une filiale à l’étranger contre 1/3 des ETI. (INSEE). Un diagnostic préalable s’impose pour déterminer le potentiel de croissance à l’international des PME. Il y a des secteurs innovants encore peu concurrentiels dans lesquels des PME peuvent se diversifier ou se créer et exporter. L’exemple des ETI internationales est à suivre pour les PME.
Par comparaison, 3/4 des ETI exportent, 21% d’entre-elles sont très internationales avec un taux d’internalisation (export + implantations) de 25 % et plus de leur CA. Les ETI les plus « internationales » (Kohler C&C-BPI) sont les petites ETI «Serial Innovantes» et les grosses ETI «Leaders Mondialisées», qui se développent par internationalisation, innovation, croissance interne ou en créant à l’étranger des filiales ou en y achetant des sociétés pour la production et la distribution. Pour les ETI, les zones ciblées sont par ordre décroissant : l’Europe, l’Asie, l’Afrique-Océanie, l’Amérique du nord, l’Amérique Latine.
Le modèle de croissance des PME doit être adapté
Quelle croissance ?
On constate que l’arbitrage croissance-rentabilité-indépendance financière détermine une croissance lente, de l’ordre de 5 % par an en moyenne, d’ailleurs en phase avec les secteurs traditionnels et les marques qui demandent du temps pour s’installer (10 ans et plus). Le booster de croissance des acquisitions requiert plus de ressources. Actuellement, faute de croissance, on assiste à une concentration de PME sur le territoire par rachat par des ETI, suivant avec retard ce mouvement du « Mittlelstand » allemand qui a ainsi fait grossir ses ETI pour en faire souvent des «champions cachés».
Quel financement ?
Il est possible mais reste problématique : les investissements sont surtout financés par autofinancement (51 %) et par dettes bancaires (46 %), mais peu par apport de fonds propres (3 %). Le crédit est actuellement abondant et peu cher. La majorité des PME reste réticente à ouvrir son capital par peur des investisseurs du Private Equity, même minoritaires, et à aller sur les marchés financiers (obligations, placements privés de dettes désintermédiées, entrée en bourse), alors que de nouvelles pratiques de financement se mettent en place. En fait, les PME qui souhaitent booster leur croissance, en particulier à l’international, doivent changer de politique financière.Plusieurs institutions, des conseils, des banques, dont la Bpifrance qui est centrale avec des moyens importants, jouent un rôle crucial d’accompagnement dans cette démarche difficile et risquée.
Quelle gouvernance ?
Le management des PME doit atteindre l’excellence pour jouer la bataille mondiale : on trouve des PME à structures variées, entrepreneuriales, centralisées et créatives, des petits groupes décentralisés. Pour faciliter l’internationalisation, il est nécessaire de créer des structures adéquates, d’ouvrir les conseils d’administration et les équipes de management à des talents extérieurs complémentaires, apportant l’expertise de l’international et des acquisitions, souvent risquées. Aussi, il faut faire évoluer les mentalités familiales, les équipes, les méthodes de management, la connaissance des acteurs et outils financiers, l’utilisation de la transition numérique notamment dans notre industrie très en retard dans ce domaine.
Quelle image ?
La mode est aux start-up, pourtant peu contributives à la croissance et à l’emploi. Une meilleure communication sur les « PME de croissance » est nécessaire pour peser sur l’opinion et les pouvoirs publics : étant très hétérogènes, cachées, souvent familiales et capitalistes, peu technologiques, elles ne déchainent pas les passions médiatiques et ont du mal à se faire connaître et aimer. L’action de l’écosystème (syndicats professionnels, banquiers, médias, formation etc..) doit y contribuer.
Conclusion
Favoriser les PME de croissance est une cause nationale pour l’économie et l’emploi : si l’économie ne repart pas en France, c’est en particulier à cause d’un déficit d’exportations, lié à un problème structurel d’offre des entreprises pas assez compétitives (coûts ou qualité), notamment dans l’industrie.
Des politiques publiques plus favorables, s’alignant au minimum sur la moyenne européenne, devraient aider les entreprises à mettre en œuvre des stratégies plus offensives visant à transformer les innovations et les atouts français en produits et services exportables.
Une action de formation structurée et de haut niveau pour dirigeants de PME permettrait de les initier aux « best practices » de management dans le développement international, en stratégie, finance, juridique, services et dispositifs de soutien des acteurs de l’écosystème d’accompagnement, échanges d’expérience. Cette action, si elle est élargie, devrait contribuer au rattrapage de nos PME à l’international.
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