HEC et les anciens de Challenges + présents au CES 2017
Une demi-douzaine de start-ups se sont rendues au cœur d’Eureka Park, à Las Vegas pour participer au CES 2017. Ces anciens d’HEC Challenge+, promotion 2014-2016, ont lancé leurs start-ups : du robot interactif pour les enfants aux applications dédiées au secteur automobile, chacun d’entre eux porte un projet innovant à fort potentiel de développement. Quel bilan retiennent-ils de ce rendez-vous incontournable, en cette Mecque mondiale de l’innovation ? En voici un tour d’horizon avec trois des start-ups françaises ayant vécu leur baptême du feu dans le désert du Nevada.
« Une expérience extraordinaire mais fatigante. C’était très business-oriented, on est loin de la Foire de Paris, » assure Eric Labanne, co-fondateur et PDG de Greenerwave, qui insiste sur la qualité des contacts et l’ampleur de la couverture médiatique. « Nos solutions, à Greenerwave, pour mieux capter et amplifier les ondes à l’intérieur d’un lieu a séduit plusieurs visiteurs professionnels, » insiste-il depuis ses bureaux à Nice. « Cela nous a amené à la signature de quelques Non Disclosure Agreements , NDA (accord de confidentialité), qui seront de bons prémices pour affiner des accords. » Ce diplômé de la promo Challenge+ 2016 pense que certaines des leçons retenues à HEC lui ont permis d’ouvrir quelques brèches au CES : « Avec la structure marché-produit de la formation, j’ai pu affiner l’argumentaire. Il est aussi question de prendre de l’assurance et d’intégrer une vivacité intellectuelle en matière de business, des qualités que j’ai pu acquérir à Jouy. »
Les start-ups françaises sont au rendez-vous
Greenerwave était l’une des 233 start-ups françaises présentes dans la capitale du Nevada entre le 5 et 8 janvier. La France, deuxième pays en nombre de start-ups, était bien plus représentée que lors de l’édition 2016. Pour Nicolas Karst, c’est la densité des échanges et la diversité des personnes rencontrées qui l’ont marqué. « C’était non-stop pendant les quatre jours. Le salon avait au moins 150 000 visiteurs, ils venaient de tous les milieux : des mutuelles de la santé, des laboratoires pharmaceutiques, des vendeurs pur jus, » raconte ce co-fondateur de Sublimed. Cette start-up a été créée en octobre 2015 pour développer des solutions à la prise en charges des douleurs chroniques. Basé à Grenoble, cet ancien de Challenge+ se réjouit de l’opportunité offerte par le CES de rencontrer des professionnels du milieu qu’il n’aurait jamais connus, « y compris des Français. »
Cependant, Nicolas Karst n’est pas sûr qu’il soit nécessaire de revenir tous les ans au CES : « Nous avons créé une thérapie basée sur la neurostimulation électrique transcutanée, qu’on appelle actiTENS, « poursuit-il de ses bureaux à Grenoble. « C’est un produit grand public, nous sommes donc des prescripteurs et rentrons en contact directement avec le grand public. Il n’est peut-être donc pas nécessaire d’échanger constamment avec des intermédiaires tels que ceux que nous avons rencontrés à Eureka Park. Le coût est à prendre en compte, deux personnes pour dix jours, c’est un grand investissement de temps et d’argent. » Après sa première levée de fonds en juin dernier, Sublimed espère lancer actiTENS en 2018.
S’exposer aux médias du monde
Antoine Noel et sa start-up Japet se trouvent au même stade de développement que Sublimed. Issu de la même promotion Challenge+ que Nicolas Karst, ce jeune entrepreneur lillois a profité du CES pour lancer une levée de fonds d’amorçage d’un million de dollars. « Nous avons eu un excellent écho médiatique à Las Vegas, » lance-t-il, plutôt satisfait de la semaine passée au cœur d’Eureka Park. « Le CES est là pour faire bouger l’image des sociétés présentes en invitant des médias. On a eu beaucoup d’articles dans la presse, allant de Technical Crunch au Wall Street Journal. Est-ce pour cela que l’on a déjà reçu deux propositions importantes ? C’est difficile à juger. En fait, il est encore trop tôt pour dire quel a été l’impact de ce type d’événements. Le CES nous a offert des collaborations inattendues, comme celle de l’armée française. Mais on jugera les retombées réelles dans quelques mois. »
Comme Sublimed, Japet traite les douleurs au dos - cette fois, des lombalgies chroniques. L’exosquelette que Noel et son partenaire Damien Bratic ont mis au point avec une équipe médicale du CHRU de Lille attend son marquage CE avant la fin de l’année. Lauréats du Grand Prix de l’Innovation Siemens 2014, les cours de communication organisés dans le cadre de Challenge+ ont été un facteur déclencheur de leur participation au CES. « Les cours sur les médias nous ont permis de présenter rapidement les bénéfices de l’exosquelette. Et, en amont, nous avons puisé dans les connaissances acquises en stratégie et marketing pour préparer une expérience américaine d’une grande intensité. »
Cibler global
Ce n’est pas une mince affaire que de se démarquer parmi les 3 800 exposants au CES étalés sur une surface de presque 800 000 m². Mais les relations franco-françaises sont souvent facilitées par cet événement et le CES a permis à Nicolas Karst de s’approcher de représentants institutionnels et d’autres start-ups. « Dans Challenges+, on est confronté à des milieux d’affaires très divers, tout est versé dans le concret. C’est peut-être inconscient, mais au CES, cela m’a donné confiance, je n’ai pas hésité à montrer mon produit, à chercher les représentants institutionnels ou politiques et à les accrocher en moins d’une minute. Maintenant, donnons du temps au temps pour juger l’impact de ces échanges. »
A présent, il s’agit de faire le tri parmi les contacts et les promesses, selon Eric Labarre. « Notre cible à Greenerwave est globale, et nous préparons maintenant le CES à Shanghai dans six mois. C’est dire combien nous avons trouvé celui de Las Vegas avoir mérité l’investissement de temps et de fonds que nous lui avions consacré. »
Une autre conclusion partagée par les trois chefs d’entreprises est le constat que les choses bougent en France : « Ces dernières années je ressens un véritable dynamisme dans le domaine des start-ups et du financement public, » lance Antoine Noel. « De plus en plus de nouvelles sociétés françaises s’exportent et s’internationalisent. Leur savoir-faire commence à être sérieusement reconnu. » Au CES 2017 à Eureka Park, le phénomène n’est pas passé inaperçu : les Français ont raflé 47 récompenses, soit 10% des trophées de l’innovation, principale récompense décernée aux start-ups dans cet événement annuel.