Surveiller les espaces accessibles au public - Le cas des IA physiognomiques

Alors que la France se prépare à l’organisation de plusieurs événements sportifs de dimension mondiale, les enjeux sécuritaires sont de nouveau au cœur du débat public, avec, en ligne de mire, les espoirs que laissent miroiter les technologies. Vidéoprotection par système d’intelligence artificielle, reconnaissance faciale, repérage automatique des objets abandonnés, gestion de foule, identification des comportements suspects : autant d’outils sur lesquels la bonne marche des Jeux olympiques 2024 (JO) pourrait reposer. Pour autant, l’intérêt pour ces technologies ne relève nullement de la contingence. Bien que les événements sportifs et culturels soient l’occasion d’inscrire dans le long cours les technologies de surveillance, ils produisent davantage l’effet d’un catalyseur dans une dynamique déjà engagée et connue.

Le présent séminaire s’intéressera au déploiement des technologies de surveillance permettant d’identifier les individus dans les espaces accessibles au public au départ de leurs données biométriques. L’identification couvre un large spectre de finalités qui ne se résume pas à l’établissement d’un lien entre un individu et son état civil. Elle peut également être catégorielle, et conduire à des rapprochements entre un individu et certaines caractéristiques établies ou supposées. En référence à l’histoire de la surveillance et de la gouvernance des « corps », nous désignons ces technologies comme des « Intelligences Artificielles physiognomoniques ». Après avoir présenté cette notion et cartographier les usages, nous réfléchirons à leur encadrement, dont les propositions en cours précisent le régime (Artificial Intelligence Act, Loi d’expérimentation pour les JO 2024).