Les décideurs inquiets des conséquences de la crise du COVID-19 sur l'emploi des jeunes
Les consequences de la crise du Coronavirus sur l’économie sont inévitables et inédites. Les résultats de la livraison du mois de mai du Baromètre des décideurs Viavoice – HEC Paris pour Le Figaro et BFM Business indiquent un double défi : conserver les emplois et travailler à l’insertion professionnelle des jeunes générations.
Les bouleversements qu’entraine cette crise sanitaire sont inévitables et inédits. L’effondrement économique anticipé depuis plusieurs semaines aura indéniablement des impacts sur l’emploi. Les plans sociaux, déjà annoncés en France, en Europe et dans le monde, laissent présager une augmentation sans précédent du nombre de demandeurs d’emploi. Mais le sujet de l’emploi ne concerne pas uniquement ceux qui craignent ou risquent de le perdre, mais tout autant les jeunes diplômés dont l’entrée sur le marché du travail se fera dans des conditions extrêmement difficiles. Dès lors, l’enjeu est double : accompagner les entreprises à maintenir les emplois dans un contexte de récession, mais également travailler à l’insertion professionnelle des jeunes générations.
Effondrement des perspectives : anticipation d’une baisse du niveau de vie et d’une augmentation massive du nombre de demandeurs d’emploi
L’appréhension d’une crise économique se concrétise pour l’ensemble des Français qui anticipent une nette dégradation des perspectives économiques, avec une morosité d’ailleurs plus prégnante encore auprès des décideurs.
Le premier constat concerne le niveau de vie qui se dégradera dans les mois qui viennent pour une très large majorité de Français (68 %) et de décideurs (73 %).
Mais c’est sur le front de l’emploi que l’appréhension d’une crise profonde est la plus marquante. 83 % des Français anticipent une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi dans les mois qui viennent (+ 15 points depuis mars). Une dégradation encore plus prononcée pour les décideurs dont 9 sur 10 (89 %, + 22 points depuis mars) escomptent une augmentation du chômage à l’avenir.
Pour autant, sur le plan individuel les perspectives résistent un peu au déclin. Concernant leur situation financière, les décideurs sont plutôt rassurés puisque le score qui appréhende une dégradation de leur finance à l’avenir est en léger recul de 4 points par rapport aux données recueillies en mars.
Si les opportunités pour faire progresser leur carrière ne sont pas manifestes pour tous, force est de constater que dans ce contexte de rebond nécessaire, la motivation des équipes est bien perçue. Un enthousiasme qui dit aussi beaucoup de l’implication des salariés dans cette relance progressive de l’activité économique.
Pour tous, le défi majeur des prochains mois voire des prochaines années redevient donc la
bataille pour l’emploi ; un défi réel pour les salariés d’aujourd’hui, et peut-être plus encore pour ceux de demain.
L’insertion professionnelle des jeunes diplômés : le souhait d’une priorité nationale, de mesures fortes et de mobilisation générale
Un constat est clair, selon les décideurs et les Français, trouver un emploi sera très difficile pour les jeunes diplômés qui auront à faire face à un contexte économique désastreux.
Dès lors, pour les Français dans leur ensemble, l’insertion professionnelle des jeunes devient un enjeu majeur et même prioritaire : 82 % des décideurs et 78 % des Français sont d’accord avec Bruno Le Maire lorsque ce dernier, ministre de l’Economie et des Finances, souhaite faire de la question de l’emploi des jeunes une « priorité nationale ».
Unanimes sur le constat selon lequel cette jeune génération de diplômés aura à faire face à une crise inédite, 82 % des décideurs et 80 % des Français estiment que, compte tenu de la crise sanitaire, les jeunes diplômés auront plus de mal que les générations précédentes à trouver un emploi.
Face à cette question cruciale, les attentes envers le gouvernement sont nombreuses pour faciliter l’insertion des jeunes diplômés, trois types de mesures sont envisagées par les décideurs et les Français :
- Des mesures d’accompagnement et de soutien aux jeunes diplômés par l’intermédiaire d’un
- « renforcement de l’accompagnement dans l’emploi des jeunes au chômage » mais également par l’instauration d’une « aide .financière pour les jeunes qui n’arrivent pas à trouver un emploi et qui ne bénéficient pas du RSA » ;
- Des mesures fiscales pour les entreprises via la mise en place d’une « prime à l’embauche pour inciter les employeurs à recruter des jeunes » ou encore « la suppression des cotisations patronales à l’embauche » ;
- Des mesures règlementaires spécifiques qui permettraient, par exemple, de relancer « les contrats aidés pour les jeunes en difficultés dans le secteur public » ou de permettre « la création d’un contrat d’embauche spécifique dans les entreprises ».
Ainsi, cette bataille pour l’emploi des jeunes diplômés doit engager l’ensemble des acteurs économiques. En ce sens, les décideurs et les Français plaident pour une synergie des actions communes entre syndicats et entreprises : 76 % des décideurs et 78 % des Français estiment que les syndicats et le patronat doivent relancer des discussions comme elles avaient été mises en place en 2011 pour trouver les accords nationaux interprofessionnels pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes.
Le « monde d’après » ne cesse d’agiter les débats. Les questionnements censés faire émerger de nouveaux paradigmes pour la société qui vient sont parfois attendus. Mais ces réflexions ne sauront donner foi à un sentiment de renouveau, de relance véritable, à la condition qu’elles ne laissent pas les futurs acteurs du monde d’après, la génération qui vient, au bord de cette route qui s’annonce difficile…
Stewart Chau, Viavoice
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