Un quart des cadres sont favorables à la suppression des programmes de diversité en entreprise - Baromètre des Transitions HEC Viavoice mars 2025
Un quart des cadres sont favorables à la suppression des programmes de diversité en entrepriseL'offensive de Donald Trump contre les politiques de diversité, équité et inclusion (DEI) marque un tournant idéologique qui semble influencer l’opinion des milieux économiques français, selon notre dernier Baromètre des Transitions.

Baromètre des Transitions Viavoice pour HEC Paris et le NouvelObs, mars 2027 https://www.hec.edu/sites/default/files/documents/Barom%C3%A8tre-des-Transitions-Viavoice-HEC-Paris-Le%20NouvelObs-7-Mars-2025_Climat-et-politiques-de-diversit%C3%A9.pdf
Le second mandat de Donald Trump à la Maison Blanche s’accompagne d’une remise en cause radicale des politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI). Aux États-Unis, les programmes autrefois valorisés comme vecteurs de justice sociale et de performance en entreprise sont désormais critiqués, restreints, voire démantelés. Or, cette inflexion semble avoir un certain écho en France. Le nouveau Baromètre des Transitions Viavoice pour HEC Paris et le NouvelObs, publié le 27 mars 2025 (enquêtes réalisées du 7 au 12 mars) a interrogé les cadres et le grand public sur leurs attentes en matière de politique d’inclusion au sein des entreprises. Les résultats montrent que ces mesures sont loin de faire consensus.
La marche arrière de grandes entreprises américaines en matière de diversité et inclusion : quel impact en France ?
Meta, Jack Daniel's, JPMorgan Chase, PayPal, Walmart, Ford, ou Boeing, figurent parmi les grandes entreprises ayant annoncé ces derniers mois un recul, voir un abandon de leurs initiatives en matière de diversité (initiatives en faveur des personnes pouvant faire l’objet de discriminations, Noirs, Latinos, femmes, employés LGBT+, pour combattre les injustices en tous genres).
Cette évolution s'inscrit dans le prolongement de la croisade "anti-woke" lancée par Donald Trump lors de sa campagne présidentielle et mise en œuvre dès son investiture. Le 20 janvier 2025, il signait un décret mettant fin aux programmes gouvernementaux DEI jugés "immoraux et discriminatoires". Les conséquences de ce décret se sont vite étendues au secteur privé. Les milieux économiques français pourraient-ils suivre ce mouvement ? Faut-il craindre une contagion idéologique en France ?
Dans la question d’actualité du Baromètre des Transitions de mars 2025, nous avons interrogé les Français sur ce qu’ils pensaient du recul de programmes de diversité et inclusion aux Etats-Unis. 26 % des cadres considèrent qu’il s’agit "d’une bonne chose", tout comme 22 % du grand public.
Certes, une majorité continue de défendre ces politiques (63 % des cadres et 59 % du grand public voient leur recul comme une "mauvaise chose"), mais elles ne font pas consensus. L’idée que l’entreprise puisse être un vecteur de justice sociale et d’égalité, défendue depuis une décennie comme un levier de performance, semble vaciller.
Cette tendance n’est pas anodine. Ces dernières années, la plupart des grandes entreprises françaises ont intégré la diversité à leur stratégie, tant pour des raisons éthiques que managériales : attractivité des talents, innovation par la diversité des profils, prévention des risques de discrimination. Ce consensus managérial s’était imposé d’autant plus facilement que ces engagements étaient peu contestés au sein des comités exécutifs. La montée des critiques, y compris chez les cadres eux-mêmes, pourrait marquer un renversement de tendance.
Un repli sociétal couplé à un désengagement environnemental
Ce recul des priorités sociétales ne s'arrête pas aux politiques de diversité. Il s’accompagne d’un désengagement vis-à-vis des enjeux environnementaux. À la question de savoir s’il faut donner la priorité à la croissance économique ou à la protection de l’environnement (une question récurrente du Baromètre), la part des cadres privilégiant l’environnement chute de 60 % à 46 % en seulement deux mois — un plus bas historique depuis la création du Baromètre des Transitions en mars 2024.
Dans le même temps et face aux nombreux défis climatiques, près d’un tiers des cadres (31 %) et du grand public affirment qu’il faudrait ralentir la transition écologique.
Si ces chiffres n’incitent pas à l’optimisme quant au consensus nécessaire pour mener la transition écologique, ils s’inscrivent dans un contexte économique particulièrement morose : 77 % des cadres anticipent une dégradation du niveau de vie en France. Seuls 10% des cadres et du grand public se montrent optimistes, selon les résultats de notre seconde enquête d’opinion, le Baromètre des cadres publié également ce 27 mars.
En période d’incertitude, les enjeux économiques reprennent la main. Les politiques perçues comme secondaires — qu’elles soient climatiques ou sociétales — sont reléguées au second plan, voire activement contestées.